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LE MONDE INTERGALACTIQUE 

Un procès sous haute tension

     Jeudi 5 décembre prochain s'ouvrira devant le Conseil InterGalactique le procès de deux vies d'exception: celle de Lola Vola et de Valérien Gredin. La première s'est tristement éteinte en mai dernier, à la suite d'un regrettable accident de Voitur'auto, dont on sait pourtant qu'ils sont désormais extrêmement rares (l'an dernier, en 2083, seuls 5 autopien(ne)s y ont succombé). La seconde, dont le sort se jouera très prochainement, est celle du fameux Valérien, élevé au rang de héros national : alors qu'il devait se faire sauveur de notre galaxie, il a vu son offensive stoppée par le dramatique accident qui a emporté la vie de Lola.

       Les faits se sont déroulés au cours d’une journée ensoleillée. Alors que Valérien reprenait des forces, s'autorisant une petite sieste à l'avant de sa Voitur'auto rouge vif, cette dernière perd les pédales. Incapable des réflexes d'évitement dont elle est normalement dotée, elle commence par frôler un piéton, qui réussit non sans mal à esquiver l'emballement de la machine. La Voitur'auto poursuit pourtant son déraillement incontrôlé et finit par renverser malencontreusement Lola Vola, alors âgée de 157 ans. Elle décède sur le coup et Valérien constatera bien vite l'ampleur de la tragédie.

       Les procès en responsabilité de ce type d'affaire, dont la rareté consacre le caractère exceptionnel, a systématiquement bouleversé l'opinion publique, réveillant les plus profondes émotions de tous les autopiens. Mais surtout, celui-ci va se faire, des mois durant, le terrain d'affrontement des différentes castes de la société autopienne. Car en plus du conducteur de la voiture accidentée, de nombreux acteurs voient leur responsabilité engagée en l'espèce. Les parties civiles accusent ainsi Valérien, mais aussi les programmeurs de la Voitur'auto responsable de l'accident, ses fabricants, les législateurs ayant libéralisé l'utilisation des voitures autonomes ou encore les hommes politiques l'ayant plébiscitée. Derrière le seul procès juridique existe ainsi un cruel problème éthique, qui évoque le "dilemme du trolley" mis en scène par le jeu du MIT (http://moralmachine.mit.edu/): en cas d'accident, les décisions automatisées "optimales" des voitures autonomes sont-elles "éthiques"? Doivent-elles engager la responsabilité des acteurs les ayant conçues, autorisées ou utilisées ? Si oui, les différentes responsabilités peuvent-elles être hiérarchisées ? 

       C'est le Conseil Intergalactique qui sera chargé de trancher cette question délicate. La décision de la juridiction suprême d'Autopia, auprès de qui l'affaire a été portée, est particulièrement attendue : au delà de la prise de position éthique qu'elle exprimera – et fera très probablement jurisprudence -, elle induira de lourdes répercussions économiques et politiques pour la caste responsable. Les estimations s’accordent sur un ordre de grandeur de 8 milliards d’autollars.

      A ce jour pourtant, l'issue du litige reste imprévisible : cette indécision contribue à attiser les tensions existant entre castes impliquées et fait grandir l'attention publique et médiatique autour du procès. Sa couverture médiatique sera historique : les trois chaînes TéléTopy, Autopia 4 et Z8 ont à elles seules mobilisé 8 équipes distinctes, chargées de suivre les audiences en direct et de relayer les réactions de la classe politique et de la société civile d'Autopia. De leur côté, les lignes de défense sont prêtes et déterminées à convaincre. A ce titre, l'avocat du programmeur Concexion déclarait hier : « Nos processus de conception autonome sont parfaitement réguliers et conformes à la réglementation en vigueur : ils ne sauront sérieusement être mis en cause » ; celui de Valérien Gredin a lui affirmé que son « client n'encourt aucun risque, à moins que l'inactivité au sein d'une voiture autonome à qui l'activité a légalement été confiée soit pénalement répréhensible ».


    Les débats risquent d'être animés, et les tensions entre parties particulièrement intenses : nous vous donnons rendez-vous en fin de semaine pour le début des plaidoiries, qui seront évidemment couvertes par notre rédaction dans le cadre du LiveValerien2084. Affaire à suivre...

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